mardi 19 avril 2016

1895-1899 : de Paris à Grenoble, puis Montpellier – Premiers deuils

Maurice ETIENNE

Sous-Lieutenant au 367ème Régiment d'Infanterie


Chapitre II

1895-1899 : de Paris à Grenoble, puis Montpellier – Premiers deuils


Année 1895


Dans notre nouvel immeuble, j'avais retrouvé un capitaine d'Artillerie de Versailles, promo 1880, Albert Crépey, qui venait de sortir premier de l’École Supérieure de Guerre et qui était stagiaire au Ministère, à l'Etat-Major de l'Armée. C'était le fils d'un colonel d'Artillerie, Commandeur de la Légion d'Honneur, par ailleurs fort riche. J'eus l'idée de le proposer pour gendre à notre parent Jean Édouard Vidil dont la fille aînée, Jeanne, était en âge de se marier. Édouard accepta, et notre jeune cousine, accompagnée par le Commandant Margot senior, arriva chez nous le 3 janvier pour y passer cinq semaines. Plusieurs bals furent échangés avec succès, dont le bal de l' « X » au Continental. A la suite de ces entrevues, Édouard vint à Paris, à l’Hôtel du Louvre, où le Colonel Crépey Etienne lui demanda la main de sa fille. L'accord ne faisait aucun doute et le mariage fut célébré à Grenoble, en grande pompe, en l’Église St. André, dans la semaine qui suivit Pâques. De cette union, naquirent deux enfants, Henri (1896) et Marie (1897), devenue en 1919 Mme André Hanoteau. Quant à Crépey Albert, le père, il devint Général en 1914, et mourut en 1917 à Toulouse des fatigues de la guerre au cours de laquelle il écrivit quelques pages glorieuses.

Pendant ce temps, Maurice avait commencé de vagues études avec une institutrice, Mlle de Laprade, mais il prenait surtout des récréations. Il était censé faire de l'allemand avec notre femme de chambre, une fräulein de Cologne que les enfants aimaient peu, et dont nous nous séparâmes en avril.

Après nous être concertés avec une famille très amie, celle du Capitaine Collin, nous partîmes tous, le 24 juin, pour la plage de Saint-Quay (Côtes du Nord), où les deux familles occupèrent pendant trois mois une villa en commun. La famille Collin comprenait la père, la mère, la belle-mère (Mme Jonvaux), un fils Pierre et trois filles, dont une, Simone, délicieuse enfant, qui devait mourir un an après. C'est en son souvenir que nous avons appelé notre troisième enfant Simone.

La plage de St. Quay, où l'on accédait par la station de St. Brieuc et trois heures de diligence, est charmante malgré ses galets et ses falaises dangereuses. Nos enfants s'y amusèrent beaucoup avec une foule de petits amis. Maurice se baignait assidûment bien qu'il fût extrêmement peureux et que l'on eût toutes les peines du monde à l'immerger plus haut que les genoux. Un jour, il révolutionna toute la plage par ses cris aigus. Il courrait comme un rat empoisonné, traînant après lui un jeune chien qui, pour s'amuser, le tenait happé par le fond de sa culotte. En dehors des distractions de la plage, on organisait de fréquentes excursions à l'intérieur des terres. Toute la petite famille prenait place sur une pittoresque charrette, traînée par l’âne de la mère Rozette, et Maurice avait l'illusion de conduire tout ce monde. On vit ainsi la plage de la Palud, les églises curieuses de Kermaria, de Plouha, et l'on mangea d'excellentes galettes. Actuellement, on va par voie ferrée à St. Quay. Cette villégiature dura exactement trois mois, et les enfants revinrent à Paris très fortifiés, mais bronzés comme des sénégalais, Maurice surtout.

Au début d'octobre, je me rendis à Grenoble pour assister au baptême de mon neveu, René Lacuire, né en août chez ma sœur, Mme Hermil. J'étais le parrain.

Quelques temps après, mon beau-frère Théo Lacuire, nommé à Paris, arriva le jour même des obsèques du célèbre Pasteur. Le cortège interminable et les innombrables couronnes offertes par les obligés du grand savant retardèrent l'arrivée de mon beau-frère de plus d'une heure. Bientôt, il fut rejoint par sa femme et ses deux enfants, Suzanne et René, admirablement soignés par la plus dévouée des nounous. Le ménage entier s'installa chez moi en attendant l'arrivée du mobilier. Mon beau-frère, qui remplissait les fonctions de délégué au Lycée Buffon, avait choisi un gentil appartement au N°25 de la rue Bréa, 1er étage, où il se trouva fort bien.

L'année 1895 se termina paisiblement. Nos enfants commençaient à bien travailler, Maurice avec Mlle de Laprade, fille d'un ancien officier du Train des Équipages, et Magdeleine comme demi-pensionnaire au couvent du Sacré-Cœur, au boulevard des Invalides. Les jours de congés, ils fréquentaient les familles Laporte et Lacuire, au jardin du Luxembourg.


Année 1896

En janvier, notre parenté à travers les Vidil s'accrut d'une unité, en la personne d'Henri Crépey, né à Grenoble. Après une hiver très rigoureux, vers Pâques, ma sœur, Mme Hermil et ses deux enfants, Marcelle et André, vinrent passer un mois à la maison, et deux mois chez notre sœur Mme Lacuire. Cette réunion de famille fut très gaie et animée ; elle fut complétée par l'arrivée de mon frère Émile (1861-1898) qui, lieutenant au 112ème d'Infanterie à Antibes, venait d'être promu capitaine au 2ème Zouaves à Oran. Ce fut notre dernière réunion au complet, car mon frère nous quittera après une dizaine de jours pour s'embarquer à Marseille, et nous ne devions plus jamais le revoir.

Au mois de juin, un peu avant de rentrer à Grenoble, Mme Hermil contracta un rhume auquel nous ne fîment pas attention tout d'abord, mais qui s'aggrava, dégénéra en bronchite, et se trouva être, en somme, la manifestation de l'implacable maladie de poitrine qui couvait depuis le décès de son mari. Cette terrible affection, malgré les soins les plus énergiques et les précautions les plus minutieuses, ne la quitta pas pendant 25 ans et se termina par une mort douloureuse à Nice le 6 juillet 1920.

L'été, pour moi, se passait en voyages, sous la direction des professeurs de l’École de Guerre. Me trouvant aux Écoles à feu, à Calais, j'eus l'occasion de faire une reconnaissance le long des côtes et je louais pour la villégiature d'été un confortable chalet (Ste. Catherine N°4) à Berck-sur-Mer. Ma famille y séjourna du 23 juin au 25 septembre. C'est la villégiature idéale, sans danger pour les enfants, très pratique pour les pères de famille ayant leurs occupations à Paris. Le pays, d'une salubrité exceptionnelle, grâce à l'absence d'estuaire, fortifia nos enfants tour en leur procurant le maximum de distractions pour leur âge. Nous y reçûmes la visite de mon beau-frère Lacuire et de sa famille, de notre ami Maurice Laforte (actuellement Inspecteur des Forêts), et de notre neveu Hippolyte Keisser.

Vers la fin septembre, toute la famille rentra à Paris. Comme les examens de sortie de l’École Supérieure de Guerre ne se passaient que fin octobre, et comme je nourrissais la pensée de me faire nommer à l’État-Major de la Division de Grenoble, ma femme et mes enfants allèrent passer octobre et novembre à La Tronche, chez ma sœur. Effectivement, je fus affecté à la 27ème Division le 1er novembre. C'était l'occasion de renouer nos anciennes relations et de faire connaître à nos enfants le pays de leurs ancêtres. Nous fûmes heureux dans le choix de notre appartement, qui, situé rue Paul Bert, appartenait à M.Amédée Charvet, Conservateur des Forêts en retraite ; Madame Amédée Charvet était la sœur de mon beau-frère décédé, Gaëtan Hermil.

L'année se termina parfaitement pour les enfants, au point de vue santé. En octobre, la rentrée des classes fut le vrai commencement des études, jusque là un peu fantaisistes de Maurice. Je le mis à l'externat Notre Dame, dépendance du Petit Séminaire du Rondeau. Le Supérieur était l'abbé Martin, ancien condisciple et ami, et il me promit que notre fils nous ferait plaisir et honneur un jour. Cet horoscope se vérifia, mais non dans le sens que nous y attachions l'un et l'autre. Dieu jugea qu'il en était mieux ainsi, hélas !


Année 1897


C'était la première fois depuis notre mariage que nous célébrions en famille la fête du premier jour de l'an. Ce fut l'occasion d'une belle réunion de famille et d'un superbe déjeuner chez M. Édouard Vidil, parent et ex-tuteur de ma femme, le vrai chef de la famille. Ces occasions de réunion plénière se feront de plus en plus rares. Parmi les vœux qui furent présentés, un surtout, très intéressant, s'adressait à la naissance d'un troisième enfant, dont ma femme avait la promesse.

Maurice tira un bon profit de son semestre d'hiver. Sa classe était dirigée par une Sœur qui s'intéressait particulièrement à lui et dont le portrait se trouve à coté de celui de mon fils sur la photographie générale de la classe. On y voit les portraits des ses petits amis Silvy, Fenoglio, Eymard, Duvernay…. qui, après une jeunesse pleine de promesses, furent fauchés, hélas, par l'effroyable guerre, comme Maurice.

Au début du printemps, nos deux enfants eurent la coqueluche, qui fut relativement bénigne et courte si on la compare aux cas observés à cette même époque ; ce résultat semble dû à l'emploi d'un remède homéopathique très efficace contre cette affection.

Le 15 juin, notre famille s'augmentait d'une fille, Simone (Marie Thérèse), qui fut baptisée à l'église St. Louis le 18 du même mois, par le curé Berthon, ancien aumônier de ma femme au Sacré-Coeur de Montfleury. Le parrain était M. Édouard Vidil, et la marraine Mme Thérèse Lacuire, sa tante paternelle.

Le jour de la naissance, nos deux aînés avaient été envoyés de bon matin chez Mme Émile Clément qui possède une superbe propriété vers La Tronche. Nos enfants y passèrent la journée et, dans la soirée, en rentrant, ils trouvèrent une petite sœur née à 11H30 du matin ; elle pesait 3K,250.

Les débuts de Simone dans la vie ne furent pas brillants. Une splendide nourrice que j'étais allé choisir à Aiguebelle (Savoie) et qui semblait excellente, ne lui convint pas, sans doute ; notre fillette, sans apparence de maladie organique, vomissait tout le lait qu'elle prenait et dépérissait à vue d’œil. Nous nous décidâmes à conduire nos enfants en vacances au Villard-de-Lans et, pour cela, je louais ce que je trouvais de mieux à cette époque encore primitive, la maison Aguiard. Il est probable que cette détermination sauva la vie à Simone, grâce à l'air vif et très pur des 1000 mètres d'altitude. En tout cas, ce séjour de deux mois dans les sapins fit le plus grand bien à nos deux aînés, à Maurice notamment. Ma sœur, Madame Hermil, était venue nous rejoindre avec sa jeune famille.

Les premiers froids d'octobre nous chassèrent du Villard, et les études recommencèrent de suite. Magdeleine suivait avec le plus grand succès le cours Micoud, que l'on surnommait « le Napoléon », et inaugurait ses leçons de piano. Maurice était bon élève malgré quelques incartades avec les surveillants. Il avait appris à calculer sur ses doigts avec une dextérité prodigieuse. L'hiver se passa sans incident.


Année 1898


Les premiers jours du printemps furent marqués par les oreillons de nos deux aînés, ce qui détermina leur isolement complet pendant 21 jours. La guérison fut rapide et la santé générale des malades en sortit encore améliorée. Simone s'obstinait à ne pas augmenter de poids et à sucer son index droit, en serrant avec force son oreille gauche de la main du même coté. C'est un tic qu'elle garda jusqu'à l’age de cinq ans et qui faillit amener la flétrissure permanente de l'index avec le décollement de l'oreille.

Nous dûmes nous séparer prématurément de la nourrice qui laissa seulement à notre plus jeune fille son beau teint pruneau d'Italienne. Nous la remplaçâmes par une bonne nommée Marie dont il existe plusieurs photographies portant Simone, le doigt dans la bouche et les cheveux en broussaille.

Quelques jours après Pâques, je m'entendis avec mon excellent ami, Paul Jouvin (habitant Place de la Constitution et décédé subitement au printemps 1921), qui me loua pour les vacances une gentille propriété à la Basse-Jarrie, près de Vizille. L'accord était à peine conclu que mon général de Division, Faure-Biguet, était nommé au poste de commandant du 16ème Corps d'Armée à Montpellier, et me choisissait comme officier d'ordonnance avec le Capitaine Margot. Grâce à la bienveillance de mon chef, qui m'accorda de nombreuses permissions, ma famille put jouir de toutes les vacances à Jarrie. La propriété était charmante et nous passions une partie de nos journées chez mon ami dont le propriété attenante était un modèle de confort. Le curé, que je connaissais par ailleurs, le bon Abbé Brague avec sa vieille sœur, nous rendirent de nombreux services. Nos deux aînés s'y initièrent aux travaux des champs et au gardiennage des troupeaux. Quant à Simone, elle restait solide et maigre à souhait, et somme toute, elle se trouvait très bien au grand air. Nous n'avions gardé que notre cuisinière, Alphonsine, qui s'était attachée à Simone et ne laissait à personne le soin de s'occuper d'elle.





































Au printemps, j'avais fait mon stage réglementaire de Cavalerie, au 7ème Cuirassiers, Quartier de la Part-Dieu à Lyon. Ma cousine germaine Marie Capdepon venait d'avoir deux jumeaux, en mars, et se rétablissait avec peine lorsqu'elle fut emportée en quelques secondes par une embolie. Je venais de la voir quelques instants auparavant. Elle laissait trois filles et deux garçons, soit cinq enfants, dont trois devaient finir tragiquement. Marie était une mère de famille et une épouse admirable, d'un cœur et d'un dévouement que l'on ne saurait trop louer. Elle laissa après elle des regrets unanimes et sa disparition créa un grand vide dans la famille.

Pendant ce temps, ma sœur, Gabrielle Hermil, dont la santé ébranlée souffrait beaucoup du climat de Grenoble, avait abandonné définitivement La Tronche et s'était retirée avec ses enfants à Antibes où un ami de mon frère, le lieutenant Mercier, leur avait trouvé une installation confortable.

Enfin, le 2 octobre, notre déménagement complet de Grenoble effectué, j'emmenais toute ma famille à Montpellier, 4 route de Palavas, dans un hôtel particulier très bien aménagé, appartenant à M. Dervieux. C'était encore la saison des taons et nous en fûmes très incommodés, nos enfants surtout avec leurs jambes nues.

Il fallut de suite s'occuper des études. Maurice fut mis externe au collège catholique dirigé par les Pères Jésuites, dont le Supérieur, le R.P. de Saulnes (actuellement, en 1921, évêque à Madagascar), était un ancien élève de l’École Polytechnique, ancien lieutenant d'Artillerie, de quelques promotions avant moi. Maurice, très assidûment et énergiquement surveillé par sa mère, commença à bien travailler sous le professorat du Frère Paul. Il était malheureusement un peu jeune pour sa classe. Il fit preuve tout d'abord d'une mémoire remarquable, et l'histoire n'était qu'un jeu pour lui.

Quant à Magdeleine, elle entra au Sacré-Coeur comme demi-pensionnaire. Le breack du Couvent venait la chercher chaque matin. Notre fille travaillait très bien, sauf pour le piano dont les professeurs étaient au-dessous de toute quantité donnée, la musique y étant considérée avec dédain comme un art, comme un art futile, presque dangereux. La Supérieure était Mme d'Astros et la Maîtresse Générale était Mme de Gissac, une main d'acier dans un gant de crin.

Un mois après notre arrivée, le 11 novembre, nous eûmes la douleur de perdre mon frère Émile, décédé à Oran à l'âge de 37 ans, comme Capitaine au 2ème Zouaves,. Son corps fut ramené à Rives-sur-Fure (Isère), lieu de sa naissance (6 août 1861), où il fut inhumé aux cotés de mon père et de ma mère.


Année 1899

Ce deuil ne nous permit pas de faire des visites dès notre arrivée à Montpellier et l'hiver se passa dans le plus grand calme. La santé de Simone s'affermissait un peu, avec néanmoins quelques troubles digestifs. Notre cuisinière, Alphonsine, nous quitta, et bientôt, à cause d'elle, nous eûmes désormais une série de cuisinières du midi, médiocres et raisonneuses.

Le 11 mai, Magdeleine fit sa première communion au Sacré-Coeur de Montpellier. Son oncle maternel Joseph Salviany avait fait le déplacement de Grenoble et donné un superbe chapelet de cristal monté sur vermeil. Il y eut, dans la chapelle du Sacré-Coeur, une cérémonie splendide et émouvante. Mme la Générale Faure-Biguet y assistait. M. J. Édouard Vidil avait envoyé un très beau Christ or et argent.

A la fin de l'année scolaire, il fallut régler la question villégiature car la température estivale y éprouve beaucoup les jeunes enfants. Après la distribution des prix, qui fut satisfaisante pour Maurice, et meilleure encore pour Magdeleine, nous partîmes pour La Salvetat , chef-lieu de canton de l'Hérault, situé à 16K de Saint-Pons dans une région assez montagneuse. On y accède par le col du Cabaretou, à 1000 mètres d'altitude. Nous étions attendus à l'Hôtel Calbérac, établissement d'aspect antique, avec une bonne cuisine de ménage. La disposition des salles, au-dessus de vastes écuries mal tenues, se prête à merveille à l'éclosion des mouches et à leur éducation. Les objets de toute première nécessité y manquent ou sont traités comme au Moyen-Age. Le service y est chose inconnue. Néanmoins, l'air y est si pur, sur les bords de l'Agout, que l'on passait sur l'absence de confort.

Pendant tout l'été, Simone avait de fréquents vomissements et prospérait peu. Le jour de son arrivée à La Salvetat, elle eut encore un vomissement et ce fut le dernier. La fraîcheur de la température et la pureté de l'air amenèrent la guérison définitive. Désormais, grâce à un lait excellent et à une alimentation dont les truites formaient la base, notre fille se mit à se développer à vue d’œil.

Le second jour après notre arrivée, il se produisit, dans ce pays habituellement calme, un événement sensationnel. Un omnibus particulier de grand style traîné par deux vigoureux timoniers et un cheval de selle en flèche, avec d'élégants voyageurs sur l'impériale, descendit les rues à belle allure et vint stopper devant l'Hôtel Calbérac, aux grand ahurissement des indigènes. Notre femme de chambre du midi arriva tout essoufflée, et nous cria « Madame, voilà des millionnaires ». Nous apprîmes bientôt que c'était une famille Robert (Louis), originaire d'Ouveillan (Aude) et domicilié à Béziers. Sans tarder, nous fîmes connaissance. Il y avait un fils aîné, Georges, qui se lia avec Maurice, et une fille cadette, du même nom et sensiblement du même âge que Magdeleine, toutes deux devenues vite d'excellentes amies, puis camardes du Sacré-Coeur.

Dès lors, on ne se quitta plus durant tout le mois d’août et ce furent des vacances délicieuses. Chaque après-midi, l'omnibus transportait tout ce monde pour de charmantes excursions au voisinage et on goûtait sur l'herbe fraîche et fleurie. C'est à cette époque que nous fîmes connaissance du ménage Genyès, les meilleurs amis des Robert, Genyès, surnommé Le Docteur par tout Béziers, on n'a jamais su pourquoi.

Dans la première semaine d’août, le Général et Madame Faure-Biguet me chargèrent de leur trouver une villégiature nécessitée par une violente poussée d'eczéma du Général. Je découvris Lacaune (Tarn), chef-lieu de canton et station thermale à la limite de l'Aveyron, à 10K environ de La Salvetat, où ils s'installèrent dans de bonnes conditions.

Les Robert nous quittèrent le 26 août pour aller préparer leurs vendanges. Mais, de ces premières relations avec eux, naquit une amitié qui ne s'est jamais démentie, de loin comme de près. Octobre approchant, il fallut reprendre le chemin de Montpellier et des classes. Nos enfants avaient fortifié leur santé et regrettaient, avec leur liberté, les truites aussi exquises qu'abondantes de l'Agout.

Peu après la rentrée, je perdis mon camarade, le capitaine Margot, qui fit ses deux années de troupes à Grenoble et fut remplacé par le capitaine Joba. J'accompagnai le Général Faure-Biguet à Paris pour la commission de classement, en novembre, puis eut lieu à Montpellier, dans les salons de l'ancien Hôtel Montcalm, Quartier Général du 16ème Corps, une superbe matinée dansante. Nous eûmes le plaisir de retrouver d'anciens amis de Rives, M. et Mme Paul Blanchet et leur fille Marguerite. Ce fut pour nous une excellente relation et une liaison de tous les jours. Je dois aussi mentionner une très belle matinée costumée chez le Général de Division Decharme ; Maurice était costumé en Incroyable, ce qui lui allait très très bien, et Simone en nounou, mais c'était elle qui tétait son doigt. Ces costumes existent encore.

Dans la dernière quinzaine de décembre, eut lieu à Grenoble le mariage de le seconde fille de J. Édouard Vidil, Marguerite, notre cousine, avec le capitaine Janin Maurice, qui fut pendant la grande guerre Major Général des Armées de l'Est, Généralissime des troupes tchéco-slovaques en Sibérie, et qui commande actuellement le 8ème Corps d'Armée à Bourges. Ils eurent deux enfants, René (1900) et Édouard (1904).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire