Maurice ETIENNE
Sous-Lieutenant au 367ème Régiment d'Infanterie
Mort pour la France devant Verdun le 28 juin 1917
Avant-Propos
Quatre années après la fin tragique de Maurice, lorsque la violente
désolation du début eût fait place chez nous à une douloureuse résignation, je
songeai à retracer, pour ma chère femme et pour moi, les mille menus souvenirs
de la vie de celui qui continuait à faire l'objet constant de nos
conversations. Nous nous rappelions avec une mélancolique consolation les
heureux instants si vite écoulés où nos trois enfants vivaient, grandissaient
et réussissaient au gré de nos désirs, sans que jamais, pendant 28 ans, la mort
n'eût frappé à notre porte.
C'est à cette période que j'ai voulu me reporter ici, avant qu'une
foule de détails, souvent futiles, intéressants seulement pour nous, nos
proches et quelques intimes, aient été obscurcis par la brume du temps.
Quoique mon intention fût surtout de mettre en relie la vie et la mort
de Maurice, j'ai cru devoir enregistrer, quand ils se présentaient, des faits
saillants survenus dans la famille. Je commencerai par rappeler sommairement
l'ascendance de la nôtre.
La famille ETIENNE est originaire de Saint-Lattier (Isère) , où mon
grand-père Jean (1791-1861) était propriétaire notable et resta maire pendant
40 ans. Il avait épousé Mlle. CHEVALIER (1783-1866), dont il eût six enfants,
trois garçons et trois filles.
Filles :
Aurore (1822-1847) qui mourût jeune comme religieuse à N.D. de l'Osier,
couvent près de St. Marcellin et pèlerinage très fréquenté, Adèle (1817-1852 et
Émilie (1814-1856), 2ème femme FEROUL, toutes les deux furent mariées
successivement à M. FEROUL de Peyrus (Drôme), sans laisser de postérité.
Fils :
Jean Auguste (1821-1892), père de Mme. Émile CLEMENT de Grenoble, Ferdinand
(1825-1881), mon père, et Eugène (1827-1877), père de Mme. Marie CAPDEPON, de
Mme . Jean CREPET, de M. Paul ETIENNE et de Mme. Madeleine BONNAUD.
Mon père, né en 1825 dans notre propriété de l'Olivier à St. Lattier,
fut notaire à Rives-sur-Fures (Isère) pendant 28 ans, et adjoint au maire de
cette commune, chef-lieu de canton. Il mourût le 30 juillet 1881. Il avait
épousé, au début de l'année 1825, Mlle. Élise Émilie MATHIEU, de
Virieu-sur-Bourbre (Isère), décédée à Rives le 18 juin1882, dont il eût quatre
enfants, savoir :
1/ Léon
2/ Émile, ancien élève de St. Cyr, décédé à Oran (Algérie) comme
capitaine au 2ème Zouaves le 11 novembre 1898. Il repose dans le cimetière de
Rives, à coté de nos parents, célibataire.
3/ Gabrielle, épouse du Docteur Gaëtan HERMIL ( 1849-18914), ancien
interne des Hôpitaux de Paris, décédé à Grenoble en juillet 1891, décédée
elle-même à Nice le 6 juillet 1920. Elle fut inhumée à Grenoble dans le caveau
HERMIL et laissa 2 enfants, Marcelle et André.
4/ Thérèse, épouse de Théophile LACUIRE, professeur au Lycée de Nice,
décédée dans cette ville le 1er mai 1911, laissant 3 enfants,
Suzanne, René et Jean.
Je rappellerai que la famille MATHIEU-GLENAT, notre branche maternelle,
était originaire de Pont-en-Royans (Isère) et établie à Virieu depuis le milieu
du 18ème siècle. Elle était d'une bourgeoisie très ancienne et de plus
honorablement connues. Mon grand-père maternel, Étienne MATHIEU avait épousé en
1831 Mlle. Eulalie GLENAT (1802-1872) et mourût en 1852 à l'age de 57 ans,
laissant six enfants, savoir :
1/ Eulalie COMMANDEUR (1831-1892), six enfants.
2/ Ferdinand, propriétaire à Virieu, célibataire (1832-1880).
3/ Hector, Chef de Bataillon du Génie, ancien élève de l’École
Polytechnique (1834-1896), cinq enfants.
4/ Élise, ma mère (1835-1871), quatre enfants.
5/ Céleste (1837-1871), célibataire.
6/ Aimé, ancien élève de St. Cyr, Chef de Bataillon d'Infanterie,
ancien maire de Virieu, marié, sans enfants (1839-1916).
Notre grand-père, propriétaire important à Virieu, avait été pendant
plusieurs années maire de ce chef-lieu de canton.
Quant à moi, né à Rives le 12 août 1857, sorti de l’École Polytechnique
en 1879, j'étais Lieutenant au 2ème Rgt. D'Artillerie, à Grenoble, lorsque
j'épousais, le 9 mai 1888, Mme. Clotilde Jeanne SALVIANY, orpheline, née le 12
mars 1868 à Grenoble, place St. Laurent, dans un immeuble appartenant à ses
parents, au 1er étage.
1- Léon Etienne, à
Polytechnique, 1877
2- Jeanne Salviany,
au Sacré-Cœur, 1884
Au moment de notre mariage, ma femme placée sous tutelle de son cousin
germain, M. Jean Edouard VIDIL, riche négociant, vivait chez sa tante
paternelle, Mme. Edouard VIDIL, 2 rue de France. Les familles SALVIANY et VIDIL appartenaient à la meilleure société de
Grenoble.
Promu comme capitaine peu après notre mariage, je fus nommé en 1889 à
la Manufacture d'Armes de Saint-Étienne (Loire) et c'est dans cette ville, 52
rue de Roanne, 1er étage, que nous eûmes notre premier enfant,
Magdeleine, actuellement Mme. Pierre HANOTEAU .
Au début de 1890 je fus affecté en qualité d'inspecteur d'armes à
l’École d'Artillerie d'Angoulême, où naquit notre fils Maurice, objet de cette
notice.
Enfin, notre troisième enfant, Simone, vit le jour à Grenoble le 15
juin 1897, pendant un stage d’État-Major que j'accomplissais à la 27ème
Division.
3- Magdeleine, Saint-Etienne,
1889 – avec Maurice, Angoulême, 1890- Simone, Paris 1898
Je commence maintenant la notice à la naissance de mon fils, dont
ci-dessous la première tombe à Dombasle, où il reposa après le mortel assaut
des allemands sur la côte 304 qu'il défendait, près d'Esnes-en-Argonne.
4- Tombe militaire de Maurice,
Dombasle, 1917
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